Denis Lindon – Les Dieux s’amusent

Aujourd’hui, pas de longue critique, parce que je ne peux pas chroniquer un livre qui m’a donné le coup de foudre pour la mythologie greco-romaine.
Je suis totalement subjective tant ce livre est une partie de mon adolescence.
Aujourd’hui, je vous parle juste d’un moment. Et sortez les mouchoirs.

Il m’a fait chialer, putain.

les-dieux-s-amusent---la-mythologie-19621

  • Castor Poche Flammarion
  • 7,20€
  • Publié en 1995

« Quelle différence y avait-il entre les Titans et les Géant ? Un expert réputé, le Dr Von Pruchtembuch professeur de mythologie comparée à l’université de Princeton, à qui j’ai posé la question m’a fait une réponse qui vous éclairera peut-être : « les Titans, m’a-t-il dit, se caractérisaient essentiellement par leur force véritablement gigantesque cependant que les Géants étaient surtout remarquables par leur stature absolument titanesque« . »

Ce livre, je l’ai lu la première fois quand je hantais fréquentais la bibliothèque municipale de ma petite ville. Une chouette bibliothèque, avec de chouettes livres donc.
Et je suis tombée sur ce petit ouvrage, sans prétention, de Denis Lindon.
Je dis sans prétention, mais en fait je n’en sais rien. Si ça se trouve c’est un livre qui se l’a pétait grave auprès des autres livres, personne pouvait l’encadrer. Une ordure.

Je ne vais pas en faire la critique détaillée de pourquoi c’est fabuleux, et que c’est une petite merveille d’initiation à la mythologie pour tous les âges (bon, la couverture elle dit dès 10 ans), parce que… ça manque déjà d’objectivité. Plus que d’habitude je veux dire.
Non, je vais expliquer pourquoi ce livre m’a fait pleurer. Et c’était la première fois de ma vie (DE. MA. VIE. turencompte) que j’ai pleuré en lisant des pages.

Denis (écoute, je le lis depuis mon adolescence, je peux l’appeler Denis) nous parle depuis plusieurs pages de la guerre de Troie, et il nous raconte comment Ulysse est passé par toutes les merdes tous les embêtements du monde avant enfin de regagner Ithaque.
Il est parti depuis bientôt 20 ans, il a tout vécu, il a fait des conneries, connu des pertes, des aventures, mais toujours en essayant, à un moment ou à un autre, de rentrer chez lui. Et enfin, il a regagné son île, et il va retrouver sa femme, l’incroyable Pénélope.

Comme après un Koh-Lanta, Il est méconnaissable (tu m’étonnes), et il en profite pour passer inaperçu, se renseigner et se rendre jusqu’au palais. Il croise des connaissances, des amis, des parents, même son serviteur Mélanthios qui se moque de sa saleté et lui donne un coup de pied (c’est moche). Vraiment, c’est loin d’être un retour glorieux.
Et là… je vous laisse lire les mots de Denis Lindon.

« Le voici enfin devant son palais. Il s’arrête un instant, le coeur battant. Sur un tas de fumier, un trés vieux chien, aveugle, paralytique, semble dormir. C’est Argos, un lévrier qu’Ulysse avait nourri lui-même au biberon. Au moment où Ulysse passe à côté de lui, Argos reconnaît l’odeur de son maître. Il ouvre les yeux, gémit, se lève dans un effort désespéré, fait deux pas en direction d’Ulysse et retombe, mort. Ulysse l’a reconnu lui aussi. « Il n’y a que les chiens qui soient vraiment fidèles » songe-t-il avec mélancolie. »

Imaginez-moi, dans mon lit, avant d’aller dormir, fondre en larmes en lisant ces quelques phrases. Je trouvais ça incroyablement magnifique.

Limite, l’Odyssée aurait dû se terminer là, poum ! Fin.

Je trouvais ça tellement vrai, tellement beau, tellement simple (oui, bon j’ai peut-être 12 ans à ce moment là hein !).
Il s’est passé des choses vraiment incroyables dans l’aventure qu’a vécu Ulysse. Des choses tragiques, des choses magiques, de l’extraordinaire.

Il est parti avec une flotte entière, il revient 20 ans plus tard, tout seul, métamorphosé.
Et qui le reconnaît sur le chemin ? Qui l’a attendu pendant toutes ces années ?
Un chien, Argos, son chien.
C’est juste la métaphore ultime de la fidélité.

Pleurer devant un livre, ça ne m’arrive pas souvent, parce qu’il me faut du temps, il faut que l’auteur insiste un peu, et souvent, il n’ose pas.
Mais là, en un petit paragraphe, Denis Lindon me raconte une histoire entre les lignes, qui me chavire.
J’imagine tout. Le chiot qui voit le maître partir. La vie à côté. La vieillesse. L’oubli des autres. L’attente qui maintien en vie. Parce qu’il le sait. Ulysse reviendra. Et il revient.
Je me rajoute même une petite caresse sur la tête, accordée par Ulysse, parce que je trouve ça encore plus beau. (oui j’ai une vie intense dans ma tête.)

Les Dieux s’amusent de Denis Lindon m’a fait découvrir la mythologie, m’a fait penser les dieux autrement. Il m’a donné aussi l’envie d’en savoir toujours plus.
Et du coup des idées de motifs/symboles de tatouage jusqu’à la fin de mes jours.

La citation de la fin

Une négociation s’engagea, au terme de laquelle l’accord suivant fut conclu : Hercule partagerait successivement la couche de cinquante Amazones, cependant qu’Antiope [reine des Amazones] se réservait les services exclusifs de Thésée [compagnon d’Hercule] ; en contrepartie, Antiope faisait don de sa ceinture à Hercule et s’engageait envers Thésée à lui envoyer vivant l’enfant qui naîtrait de leur liaison, si jamais c’était un garçon.
Antiope s’imaginait qu’elle allait profiter de la présence de Thésée pendant au moins un mois ou deux, le temps pour Hercule de remplir son contrat. Mais c’était compter sans l’exceptionnelle virilité du fils de Jupiter : en une seule nuit, il expédia allègrement ses cinquante fiancées, et le lendemain matin, frais comme une rose, il alla prendre livraison de la ceinture et congé de la reine. »

Hercule, frais comme une rose. Rien que pour cette image…